Le Centre de Traitement des Déchets de Nkolfoulou : un exemple de décharge controlée

A la charge des collectivités, l’enlèvement et le traitement des ordures ménagères, dont la production est rythmée par l’accroissement de la population et l’urbanisation, sont au cœur de la stratégie urbaine de préservation de l’environnement.

Au regard de sa croissance démographique (4% par an) et de son urbanisation, la ville de Yaoundé qui compte près de 2 millions d'habitants produit en moyenne 1200 tonnes d’ordures ménagères par jour.

Pour mener à bien sa tâche de collecte et de transport des ordures ménagères, le service d’exploitation d’Hysacam a subdivisé la ville en 40 circuits de collectes. Cette division prend en compte le découpage administratif de la ville (sept arrondissements), la densité des populations, le standing de vie, et surtout le pourcentage de voie carrossable. Cette sectorisation permet aujourd’hui à l’entreprise d’atteindre un taux de couverture estimé à 65-70% dans la capitale.

Le déploiement de plus de 1000 récipients de collecte de capacité respectives (360l, 770l, 6m3,16 m3), la mobilisation d'environ quatre vingts véhicules spécialisés à la typologie des voies ( en majeure partie non bitumée) et surtout la mobilisation d’un effectif de 1000 hommes, travaillant en continu 24 h/24 et 7j/7 permet à l’entreprise de collecter en moyenne 1000 tonnes d’ordures ménagère par jour. Ces ordures sont acheminées pour traitement à la Décharge Contrôlée de NKOLFOULOU située à environ douze kilomètres de la capitale, sur la route de SOA (Département de la MEFOU et AFAMBA). Cette décharge est entrée en exploitation depuis l’année 1988.

Bien que le contrat d’exploitation de la décharge préconise la mise en décharge par enfouissement, le souci majeur de préservation de l’environnement impose de diversifier les techniques de traitement et de contrôler les effluents.

Contrôle d’impact environnemental.

Le choix du site à été effectué en tenant compte de plusieurs facteurs notamment l’éloignement du site des populations, et surtout les propriétés mécaniques du sol avantageux à l’implantation d’une décharge pour ordures ménagères. Il s’agit d’un sol sablo argileux ayant une perméabilité de l’ordre de 10-6 m/s. D’une superficie d’environs 55 hectares, il compte aujourd’hui trois casiers de stockage occupant environ 10% de cet espace.

Procédure d’acceptation et contrôle des déchets

L’accès des camions à la décharge est subordonné à un contrôle préliminaire qui détermine le quartier de provenance. Un sondage sommaire est effectué pour apprécier la qualité des déchets qu’il transporte. En effet, contractuellement, l’entreprise ne peut recevoir et traiter que des ordures ménagères. Ce contrôle permet d’exclure les déchets autres que ménagers, ou du moins de les séparer s’ils sont destinés à un traitement spécial.

Contrôle de poids.

Les camions sont ensuite conduits sur un pont-bascule pour déterminer le poids des déchets. Ce pont-bascule est connecté à une centrale informatique qui permet de traiter outre le poids des données relatives à la provenance (quartier, arrondissement, etc.).

Contrôle des effluents

Les effluents liquides (lixiviats) sont traités de façon sommaire dans des bassins de décantation où, après un temps dé séjour de trois jours, on observe rabattement de 10% des Matières en suspensions, de 4% la conductivité, 7% de la turbidité et de 8% des matières minérales. Ces rendements ne sont pas satisfaisants parce que les lixiviats ont la particularité d’avoir une grande teneur en matières organiques (420 mg/L de DBO5 et 770 mg/l de DCO.). Et notre ambition, compte tenu du contexte et des contraintes financières, est de chercher des solutions locales, qui seraient moins couteuses, mais garantiraient la préservation de l’environnement.

En ce qui concerne les effluents gazeux, nous espérons avec les projets Mécanisme pour un Développement Propre, collecter et brûler le méthane que dégagent les déchets en décomposition, et qui est un important gaz à effet de serre. Ce mécanisme nous permettra de capter environs 17 317 tEq CO2. Un casier est construit spécialement pour le suivi expérimental des techniques de captage de biogaz. Un projet de compostage est également prévu.

Contrôle des nuisances

Des campagnes de dératisation et de désinsectisation ont été décidées et sont effectuées trimestriellement. Elles permettent d’éviter la propagation des insectes et des rongeurs aux environs de la décharge. Le rayon d’action de ces campagnes de dératisation s’étend à tous les villages environnants pour s’assurer de l’éradication de toutes nuisances pouvant être causés aux populations.

Gestion participative et Contrôle local

La décharge de Nkolfoulou a l’avantage de bénéficier d’une gestion qui intègre les populations environnantes. Le contrôle et le suivi de toutes ces activités sont assurés par le comité de suivi environnemental de la décharge, qui regroupe les représentants des populations locales, la Marie de SOA, le Ministère de l’environnement et de la protection de la nature, sous la présidence du Gouverneur de la province du Centre.